Ce que j'ai appris en retournant sur les bancs d'école
Il y a deux ans, je ne me doutais pas à quel point je changerais en faisant un retour aux études à la maîtrise en gestion de l’innovation sociale à HEC-Montréal.
Je savais que je voulais retourner sur les bancs d’école à la fois pour mieux comprendre les enjeux sociaux, écologiques et politiques dans lesquelles on navigue en ce moment. Et je voulais surtout pour être mieux outillée pour planifier et diriger des projets à impact social et environnemental.
C’est cute.
Mais ce que je ne savais pas, c’est que ce ne sont pas que des connaissances que je suis surtout allée chercher. J’ai plutôt entrepris un long travail sur moi-même et sur ma propre posture face au monde dans lequel on vit.
- J’ai appris la patience.
- J’ai appris à descendre de ma tour d’ivoire d’experte pour écouter ce qui est exprimé.
- J’ai appris à faire confiance.
- J’ai appris à accueillir la colère parce qu’elle est une excellente boussole pour mettre le doigt sur un problème.
- J’ai appris à moins craindre les conflits, et à naviguer au travers plus qu’à tenter de les gérer.
- J’ai appris qu’on manque cruellement d’imagination quand vient le temps de réfléchir à des nouvelles façons d’agir ensemble.
- Et j’ai appris que décider ensemble pour de vrai, ça s’apprend.
J’ai surtout réalisé ce qui me sautait dans la face depuis tellement d’années : travailler POUR et travailler AVEC les personnes concernées par une problématique, ce n’est pas du tout la même chose.
Déjà, notre façon de travailler chez Vio s’est tranquillement transformée. Quand on accompagne un projet maintenant, on ne fait plus juste «consulter les publics cibles», mais on replace les personnes expertes de vécu au cœur de la démarche. Ça crée une dynamique vraiment différente qui influence la façon pour vrai dont on crée nos savoirs, mais qui modifie aussi notre savoir-faire et notre savoir-être.
Concrètement, ça change quoi?
On en a eu un exemple révélateur récemment avec Vio. Nesrine et moi, on a été approchées il y a quelques mois pour concevoir un plan de communication pour une association de défense des intérêts. On a bâti toute une démarche de consultation basée sur des ateliers de travail avec les personnes impliquées et concernées par un projet de l’organisation. On avançait, on avançait, mais il y avait toujours un petit quelque chose qui clochait. On avait l’impression qu’on n’arrivait pas à se comprendre, l’équipe-projet et nous. Jusqu’à ce qu’on mette le doigt dessus et qu’on réalise qu’on utilisait les mêmes mots depuis le début de notre collaboration, mais pour exprimer des choses vraiment différentes. Jamais on n’aurait pu le déceler si on n’avait pas passé autant de temps étroitement avec cette équipe. Quand on a réalisé ce qui se passait, on l’a nommé. On avait assez confiance les uns envers les autres pour s’écouter et se comprendre et on a finalement complètement changé la forme des livrables qu’on avait initialement prévu avec eux. Et ces clients-là étaient plus-que-satisfaits.
Je sais que cette situation – tellement courante dans le monde des agences – se serait terminée autrement il y a quelques années parce que notre posture d’accompagnement s’est transformée. Avant, on n’aurait pas pris le temps nécessaire pour réellement se comprendre, trop focusées à « augmenter l’efficacité de nos processus » ou à « rentabiliser les heures facturables ». Depuis que l’on baigne davantage dans l’écosystème de l’innovation et de la transformation sociale, on accepte une temporalité différente. Et on se surprend à constater que ce qu’on considérait avant comme une « perte de temps » s’avère être sur le moyen et long terme ce qui sert le plus la finalité des projets.
Est-ce qu’il y a des apprentissages qui vous ont fait grandir récemment vous aussi ?